Les chemins
de Saint-Jacques

Dans la dernière étape de sa vie, l’artiste a entamé un pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle. Au cours de cette démarche très personnelle, il s’est laissé séduire par ces lieux de rassemblement mais aussi de solitude, de spiritualité et de partage. Chaque halte a soulevé en lui une émotion intense qui se traduit dans cette série composée de 16 aquarelles. La dernière restera inachevée...


Le Bota Fumeiro

La cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle comporte de nombreux joyaux. Marcel LUCAS a été frappé par le caractère majestueux de l’escalier monumental, par l’exubérance baroque de la façade, mais c’est la sobriété de l’intérieur roman qu’il illustre ici. Le contraste entre le dépouillement de la pierre et la richesse des dorures ciselées est rendu par la complémentarité des couleurs bleu et orange. Le point d’ancrage du filin se perd dans la lumière céleste. Le pinceau de l’artiste parvient à rendre compte du mouvement hallucinant de l’encensoir. Les courbes régulières des arches sont emportées par l’oscillation titanesque. Le regard, aimanté par le bota incandescent, suit sa course vers l’infini. La force de la rotation déconstruit le décor : les colonnes et les voûtes s’enchevêtrent. Le spectateur est saisi de vertige comme s’il était lui-même emporté dans la course folle du pendule sacré. Le sillage tourbillonnant de l’encens nous emporte vers l’éternité.

2008 - Spy (Belgique)

Saint-Sever

MARCEL LUCAS était intarissable sur les chapiteaux romans. Leur inventivité, leur fausse naïveté, leur variété incroyable, l’ équilibre de leur composition, tout cela l’enthousiasmait. Chapiteaux historiés racontant des scènes de la Bible ou de l’Evangile, outils d’éducation ; chapiteaux de formes symboliques, chapiteaux de végétaux, chapiteaux bestiaires montrant des animaux fantastiques.C’est dans ces derniers et notamment dans les chapiteaux de Saint-Sever qu’il retrouve toute sa liberté d’artiste.Le cercle animal devient tentaculaire. Racines, troncs, colonnes, pattes s’emmêlent, se confondent, s’enroulent et tourbillonnent. La ronde des visages devient orbite planétaire. On sort du réel, on bascule dans le cosmos, on glisse dans l’infini du voile intersidéral, doucement éclairé de bleus et roses.

2009 - Spy (Belgique)

Lectoure

La silhouette du clocher-tour de la cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais de Lectoure s’impose tel un phare qui domine le paysage de Lectoure.
Sa peinture met en valeur cette impressionnante tour carrée à laquelle est accolée une tourelle qui accentue son caractère insolite. Marcel LUCAS rend à cet édifice son côté majestueux, dressé vers l’infini et bien enraciné au creux des paysages vallonnés des Pyrénées.
Au bas de cette tour, une porte d’accès discrète se veut une invitation à découvrir l’intérieur de cette cathédrale : la large nef prolongée par le chœur, rythmée par des arcades et des balustrades en pierres de taille. L’artiste souligne cette richesse intérieure par la répétition des motifs et par la subtilité des transparences et des couleurs. Il laisse ainsi deviner des fragments de murs. Ces derniers sont à la fois proches de la silhouette du clocher tout en lui laissant son indépendance.

2009 - Spy (Belgique)

Saint-Bertrand de Comminges

Cette imposante force de la cathédrale Sainte-Marie de Saint-Bertrand-de-CommingesMarcel Lucas la manifeste en plantant largement la construction au milieu du tableau. 
Elle occupe quasi toute la place enchevêtrée par une végétation qui semble la porter. 
La Colline de lumière est rendue par le feu rougeoyant de la base. Et cette lumière se redresse en faisceaux alternés bleus, orange. Cette rythmique presque céleste des contreforts qui s’adossent à la tour clocher, qui tire le regard vers le haut et le suspend tel un point d’orgue admiratif.

2006 - Spy (Belgique)

Albi

La cathédrale d’Albi, en apparence dépouillée, se transforme, sous les pinceaux de Marcel LUCAS, en une œuvre tout empreinte d’harmonie, de lumière, de paix. L’artiste résume de belle manière sa vision tant intérieure qu’extérieure. En arrière-plan, la cathédrale se dessine telle une silhouette en retrait qui dévoile les richesses picturales et architecturales de son intérieur. Les voûtes bleu roi irradient l’ensemble de l’œuvre. L’avant-plan est ceint d’une clôture qui, au lieu de fermer la vision du peintre, est le point de départ, la porte ouverte à la découverte de la majesté du lieu. Une multiplication d’arcades, de courbes et d’arabesques en autant de nuances colorées, donne envie de la découvrir davantage et de s’imprégner de son atmosphère si particulière.

2007 - Spy (Belgique)

Les Jacobins de Toulouse

Ces colonnes palmiers de l’église des Jacobins de Toulouse sont des arbres vivants ! Marcel LUCAS s’en donne à cœur joie !
Il se place plus bas que terre, les prend en contre-plongée, accentue leur vertigineuse hauteur. Les racines s’envolent et se déploient comme la ramure.Nous voilà « médusés » par cette gerbe violacée qui pulse au cœur du tableau. 
Folie de courbes et d’entrelacs. Rythme « spiralaire » des trouées de toute taille qui s’ouvrent et se referment. Nous voilà plongés dans les eaux troubles de l’univers de Marcel LUCAS.

2005 - Spy (Belgique)

L'Oppidum d'Ensérune

Selon les saisons, l’allure du ciel, les cultures organisées, le site circulaire du lac asséché de Montady en contrebas de l’Oppidum d’Ensérune prend des couleurs diverses qui se juxtaposent, s’alternent, rythme cette géométrie parfaite. Très loin les vallonnements de la nature reprennent leur place et se perdent dans le ciel.Marcel LUCAS, coloriste hors pair, en a fait un tourbillon de couleurs audacieuses ou les complémentaires se font signe, les dégradés plongent au centre. Il renforce l’effet d’entonnoir par cette spirale transparente qui semble aspirer tout en son milieu. En émerge un aqueduc qui traverse la composition en diagonale. Le bleu répond à l’orange. L’ombre rappelle la lumière et équilibre la perspective.La vision sous une voûte à l’avant-plan est celle qu’on a depuis l’oppidum à travers les arbres.

2007 - Spy (Belgique)

Saint-Guilhem le Désert

Les formes régulières et harmonieuses de l’abbaye de Saint-Guilhem-le Désert sont clairement mises en évidence et les couleurs brûlantes attirent le regard du spectateur sur ce chef-d’œuvre de l’Art Roman.On perçoit bien l’horizontalité de la construction qui se fond dans le village. Ici pas de hautes tours ni de clochers qui montent vers le ciel, l’élément vertical c’est la montagne environnante.Marcel LUCAS a ressenti cette chaleur omniprésente qui se dégage des pierres jaune ocre et a accentué cette sensation en encerclant littéralement l’édifice d’une végétation luxuriante peinte dans des tons froids, vert, bleu et brun. L’envahissement du tableau par le végétal suggère aussi la situation de l’abbaye, enclavée et presqu’enfermée dans les contreforts des gorges de l’Hérault.On reste longtemps hypnotisé devant cette représentation presque vivante et par la chaleur qui fait flamboyer l’œuvre.

2005 - Spy (Belgique)

Conques

L’abbatiale de Conques émerge de ce val complètement vert, dans toute sa puissance architecturale en un superbe bouquet de clochers. Romane, audacieusement élancée, elle défie la pente raide où elle s’enracine. Bâtie en calcaire ocre, elle semble se jouer de l’équilibre.C’est tout cela que Marcel LUCAS a traduit dans une dominante de verts et jaunes, dans une déformation du vertical qui se courbe et se tend en flèches bleutées vers un ciel juste ébauché.

2005 - Liège (Belgique)

Le Puy en Velay

Au Centre de la cuvette circulaire du Puy, la chapelle Saint-Michel d’Aiguilhe trône au sommet d’un neck, une cheminée volcanique de basalte lentement érodé et refroidi.C’est cela que Marcel LUCAS plante au cœur de sa toile en opposant les coloris, en accentuant la forme giratoire. « Son Puy » devient tour de Babel cacophonique, occasion rêvée pour lui de débrider l’architecture, de rompre le fil des deux cent soixante-huit marches pour mettre le spectateur en haleine dans cette montée fervente vers le ciel.

2009 - Spy (Belgique)

La Chaise Dieu

Marcel LUCAS nous rend une vision très forte du jubé de l’abbatiale de La-Chaise-Dieu qu’il peint avec des coloris rouge foncé, brun, orange, dans une ondulation fantastique qui se prolonge jusqu’aux voûtes.Cette barrière devient tremplin et mène le regard vers cette lumière dorée du divin qui flamboie au plus haut de l’édifice. Le peintre transforme les baies voûtées du jubé en un chœur ondulant, percé de mille fenêtres. Les coloris se déclinent en verts et bleus intenses qui exaltent cette lueur centrale attirant tous les regards.Tout dans cette œuvre, montre la capacité de Marcel Lucas à traduire le réel en un chant lyrique et passionné.

2005 - Spy (Belgique)

Vezelay

Voici l’un des premiers lieux, sur lequel Marcel LUCAS a travaillé, la cathédrale Sainte-Madeleine de Vézelay.L’œuvre met en valeur l’élancement de la nef, la perspective et la rythmique des pierres bicolores qui conduisent le regard vers le chœur inondé de clarté.Marcel LUCAS y suspend en filigrane la vision lointaine des tours de la cathédrale.Les collines alentour de Vézelay sont boisées, et, dans le tableau, l’arbre revient inévitablement, en un drapé subtil et tentaculaire, pour embrasser, enlacer, circonscrire cette nef lumineuse.

2005 - Bruges (Belgique)